Biographies de Résistants
 

Emile Allain est né le 7 janvier 1920 à Calais (Pas-de-Calais) dans une famille ouvrière ; lui-même est chauffeur. Avant la guerre, il fait partie des Jeunesses communistes.  Requis en 1941 pour travailler en Allemagne, il refuse de s’y rendre et rejoint la clandestinité au sein d’un groupe FTP. Il devient ensuite le responsable militaire du secteur côtier des FTP (Calais, Boulogne-sur-Mer et Berck-sur-Mer). Sous le nom de « Marcel Dupont » et avec le groupe 2402 « Félix Cadras », Emile Allain effectue de nombreuses actions dans le Boulonnais. S’il n’y est pas connu au départ, la récurrence des actions finit par interpeller les autorités allemandes. Emile Allain se réfugie alors dans la région lilloise où il est arrêté le 29 décembre 1943. Le 14 février 1944, il est condamné à mort par le tribunal militaire de l’OFK 670. Il est exécuté le 3 mars 1944, non pas fusillé comme il le pensait, mais pendu au fort de Breendonk en Belgique.

Paul Aubert est né le 20 janvier 1900. Mareyeur avec son père, fidèle gaulliste, il ne supporte pas l’occupation allemande et s’engage dans la Résistance avec le grade de sous-lieutenant à l'OCM et dans les FFI. Au moment de la libération de Boulogne, Aubert transmet à plusieurs reprises aux Canadiens des plans des positions allemandes. Il parvient également à obtenir une trêve pour faire évacuer les nombreux malades et vieillards de la ville. Il termine la guerre au 33ème régiment d’infanterie et reçoit la Croix de guerre. Il meurt le 27 juillet 1965 à Boulogne sur Mer.

Alice Bacquet est née le 11 mai 1885 à Gouy-St-André (Pas-de-Calais). Elle tient un magasin d'alimentation, "La Grappe de raisin", au 25, rue Nationale. Elle est arrêtée par les Allemands le 30 juin 1941, pour avoir hébergé six soldats Anglais.

Adrien et Jacques Berr :
Né de deux parents français, mobilisé tout comme ses frères en 1914, Adrien Berr n’accepte pas la plancarde affichée sur la vitrine de sa boucherie « Jüdisches Geschäft » (entreprise juive). Il réplique en affichant les états de service de sa famille.
Né le 20 novembre 1923 et fils du résistant Adrien Beer, Jacques Beer a 16 ans lors de l’invasion allemande. Il est témoin de la prise d’otage de son père, arrêté en mai 1940 et libéré le lendemain. Comme il est juif, il assiste à la prise des premières mesures de répression. Le 5 décembre 1940, Jacques Berr, sa mère et son frère, sont arrêtés lors d'une rafle alors que son père est toujours retenu en otage. Déporté dans le convoi du 17 décembre 1940 vers Troyes, il réussit à s’évader. En 1944, on trouve sa trace à Lyon où il a aussi rejoint la Résistance. Traqué par la Gestapo, il est arrêté le 30 juin 1944. Torturé, il parvient encore à s'échapper. Repris, il est transféré à Drancy avant d'être déporté à Auschwitz le 31 juillet 1944. Evacué avant la libération du camp, il est affecté en Kommando de travail du chantier d'Ebensee-Am-Traunsee où il meurt le 26 avril 1945.

Firmin Blondeel est né le 25 novembre 1899 à Dannes. Manœuvre mécanicien, il est réquisitionné par l’armée allemande. En janvier 1943, il intègre le FTPF et le Front National pour lequel il accomplit différentes missions : il héberge des personnes recherchées, participe à des sabotages, récupère des armes, attaque une perception, fait dérailler un train d’explosifs… Le 19 août 1943, il participe à l'incendie de récoltes au Portel et à Outreau et le 25, à l'incendie d’un hangar à Outreau. En octobre 1943, la Gestapo recherche des "terroristes" : le 6, Firmin Blondeel est arrêté par la Sipo-SD de Lille en même temps que 3 autres résistants, la cellule littorale du Front national est alors démantelée. Emprisonné à Loos, il est fusillé au fort de Bondues le 9 février 1944.
René Blondeel, né le 4 juillet 1923 à Boulogne sur Mer est le fils de Firmin Blondeel. Détenu au camp de Voves (Eure et Loir), il meurt au camp de Bergen-Belsen en mai 1944.

Alfred Henri Carpentier dit Emile, est né le 15 septembre 1888 à l’Etoile dans la Somme. Syndicaliste et militant SFIO, conseiller municipal d'Outreau puis adjoint au maire, il est premier adjoint de la commune en 1940. Il remplace le maire Ernest Desclève quand celui-ci est arrêté et emprisonné en décembre 1943. Emile Carpentier n'est membre d'aucun réseau de Résistance mais vient en aide aux victimes des persécutions nazies : par exemple, il organise la fuite de Ernest et Lily Dohan, juifs réfugiés à Boulogne en leur fournissant de faux laissez-passer. En 1943, il fait partie d’un comité d’aide aux juifs qui ont fui l’Allemagne et sont venus se réfugier à Boulogne. En 1944, il cache 40 prisonniers juifs qui ont réussi à s'échapper et leur fournit de faux papiers et de fausses cartes d’alimentation. Il devient maire d'Outreau en 1944 et meurt le 9 mai 1948. Il reçoit à titre posthume la médaille de Juste parmi les Nations en 1969.

Marcel Caudevelle est né le 5 Octobre 1908 à Créquy. Il est instituteur à La Capelle. A la fin 1942, il entre à l'OCM et dirige le groupe de La Capelle sous le pseudo de ‘’ Franck’’. Bien que membre de l'UCR (Unité – Combat - Renseignement), il échappe à la rafle qui suit l'arrestation de Roland Farjon. Lors de la réorganisation du secteur côtier de l'OCM en mai 1944, il prend le commandement du corps franc de La Capelle. En septembre, il participe aux combats de libération de Boulogne en lançant des opérations de reconnaissance pour les Canadiens. Il meurt le 10 septembre 1944 des suites d'une blessure reçue la veille lors de l'explosion d'un obus.

Né le 3 septembre 1902 à Lille, Georges Charles est électricien. Il est propriétaire d’un magasin de vente et de réparation de radios TSF à Boulogne. Dispensé de service militaire, il s’engage cependant en septembre 1939. Démobilisé après l’armistice, il rentre à Boulogne et devient dès novembre 1941, volontaire au service de renseignement Alliance sous le pseudonyme de « Marsouin ». Agent de liaison Nord-Sud, il fait également partie des Frères de la côte, mouvance du réseau ¨Pat O’Leary. Embauché à l’électrification des forts du Mur de l’Atlantique, il peut fournir des plans de bâtiments militaires. Il signale les pilotes tombés près de la zone interdite et relève des renseignements de la défense allemande. Dénoncé par un agent double, il est arrêté par la Gestapo le 4 décembre 1943 et interné à la prison de Loos-lès Lille. Condamné à mort pour espionnage par un tribunal militaire allemand dévolu au contre-espionnage, il est fusillé le 16 janvier 1944 au fort de Bondues.

Gilbert Coquempot est né le 29 juillet 1924 à Boulogne sur Mer. Il est employé de bureau aux établissements Petyt Frères. En juillet 1943, il est requis par les autorités occupantes pour travailler à la firme Karlbrandt à Neufchâtel. Gaulliste dans l’âme, il cherche à s’engager. Le 5 septembre, il propose son aide à René Milon, membre du mouvement OCM. Il aide un officier recherché par la Gestapo, Maurice Dumortier et le cache. Mais ce dernier est arrêté en octobre 1943, s’évade et est repris fin novembre. Son arrestation fait tomber tout le groupe : le 5 décembre 1943, Gilbert Coquempot est arrêté avec d’autres Boulonnais. Incarcéré à la maison d’arrêt de Boulogne sur Mer, il est emprisonné à Loos le 7 décembre. Le 1er juillet 1944, il est condamné à mort par le tribunal militaire de l’Oberfeldkommandantur pour détention d’armes. Le 19 juillet, il est déporté à Saint Gilles (Bruxelles), puis à Cologne et à Ebrach (Allemagne). En décembre, il est déporté au camp de concentration de Flossenburg. Le 4 mai 1945, il est libéré au terme d’une éprouvante marche de la mort et retourne à Boulogne sur Mer le 31 mai. Il reste paralysé à Berck pendant 2 ans et passe 10 ans couché, suite aux mauvais traitements. Il est mort le 23 décembre 2014.

Robert Delattre est né le 29 septembre 1914. Il est aide-chimiste aux Aciéries de Paris-Outreau. Mobilisé en septembre 1939 comme brigadier-téléphonique au 249ème régiment d’infanterie, il est fait prisonnier en juin 1940 mais s’évade le 25 décembre du camp de Sarrebrück. De retour à Outreau en janvier 1941, il rejoint ensuite la zone libre en emportant les négatifs des photos de la base sous-marine de Boulogne. En février 1941, il s’engage dans les FFL et rejoint le Général de Gaulle en Angleterre où il suit un stage d’opérateur-radio. Fin 1941, il est parachuté en France pour être affecté au réseau « Confrérie-Notre-Dame – Castille » sous le pseudonyme de « Bob ». En 1942 il devient chef du réseau « Castille-Centurie » et son travail consiste à s’occuper des parachutages d’agents alliés clandestins, à recueillir des renseignements et à les faire parvenir en Angleterre. Il participe à la destruction et au sabotage de voies et de moyens de communications. Il est arrêté le 29 mai 1942, gare du Nord à Paris et emprisonné le lendemain à la prison de Fresnes où il est mis au secret et maltraité. Il est transféré à l’infirmerie le 27 avril 1943 et meurt sous la torture le 13 mai.
Pierre Delattre, son frère cadet, est né le 23 juillet 1921. Il travaille au bureau des Contributions directes à Boulogne. Il rejoint le même réseau que son frère et grâce à la complicité de son chef de service, il effectue chaque samedi un voyage à Paris pour transmettre des renseignements. Arrêté le 17 juin 1942 par la gestapo à son travail, il est envoyé à Lille puis à Fresnes. Déporté à Mathausen le 19 avril 1943, il meurt le lendemain.

Francis Delury est né à Bapaume le 24 avril 1910 dans une famille d'instituteurs. Il est officier de marine mais suite à des problèmes de vue, il se tourne vers l'enseignement à partir de 1930 et travaille à Conteville. Appelé le 19 janvier 1940, il est fait prisonnier le 4 juin et libéré en février 1943. Deux mois plus tard, il est sous-lieutenant dans la Résistance, rattaché à l'OCM puis lieutenant, en avril 1943 sous le pseudonyme de "Franc" puis "Lieutenant Dely". Il organise un groupe corps franc au sein de l'Amicale laïque de Conteville et participe au groupe d'attaque d'Isabelle Nacry. Le 1er août 1943, il est nommé par le lieutenant colonel Wimetz "chef de section – corps franc de 50 hommes avec le grade de lieutenant". Avec ses hommes, il repère des emplacements d'armes et le plan de feu de l'ennemi, met en place des barrages armés sur les routes, capture des patrouilles légères, coupe des lignes téléphoniques et participe à la prise de Boulogne. Gravement malade suite à sa captivité, il quitte la résistance le 18 octobre 1944. Après la guerre, il poursuit sa carrière scolaire et politique à Saint Martin-Boulogne. Il est mort le 29 décembre 1985.

Gaston Demailly est né le 9 octobre 1893. Ancien combattant de la guerre de 14-18 et officier de réserve, il est à Dunkerque en 1939 puis prisonnier à Mayence. Après sa libération en 1941, il implante l'OCM à Boulogne et mène plusieurs actions comme celle de reconstituer des plans de la base abri pour sous-marins et vedettes qu’il remet à son ami Henri Henneguelle. Il assiste à la première réunion du comité de coordination des résistants boulonnais, créé en 1943 et qui regroupe des membres de trois des grands mouvements de résistance : Libération-Nord, Front National et OCM. Arrêté le 30 décembre 1943 par la Gestapo, il est emprisonné à Arras puis à Loos. Déporté en Prusse, il meurt sous la torture le 15 mai 1945, quelques jours avant la libération du camp.

Georges Dufetel est né le 21 février 1886. Architecte, ancien combattant de la guerre de 14-18 au cours de laquelle il est mutilé, il est agent de renseignement du groupe de résistance "Patrie", du groupe "Uranus-Kleber", lié à l'OCM et à Libération-Nord. Il assure une liaison très importante entre la résistance alsacienne et celle du Pas-de-Calais et monte des évasions de prisonniers de guerre à partir du stalag d'Alsace. Il est arrêté à Boulogne le 24 septembre 1942 par la Gestapo. Condamné à 3 ans de prison, il est interné successivement dans les prisons de Aachen, Strasbourg, Karlsruhe, Berlin et enfin à Sonnenburg où il meurt d'épuisement le 6 novembre 1944.

Henri Duteil est né le 4 octobre 1922 à Outreau. C’est l’un des responsables de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne du Boulonnais. Membre des FTP, il participe à des opérations de sabotage sur le port de Boulogne, qui privent les occupants de dizaines de milliers de litres de carburant. Il réalise également des opérations de sabotage contre les lignes téléphoniques du secteur portuaire qui entravent l’action de l’artillerie antiaérienne allemande. En mai 1942, son frère Raymond est arrêté, il décide alors de mettre un terme à ses activités. Mais en octobre, il est arrêté à son domicile à St Martin. Emprisonné, il est jugé le 26 décembre et condamné deux fois à mort et une autre fois à 20 ans de travaux forcés. Il est fusillé le 10 février 1943 à Loos-lès-Lille.

Jeanne Rosa-Duval est née le 24 juin 1896 à Meaux (Seine-et-Marne). Pendant la 2nde guerre mondiale, elle s’engage au sein de Patrie. Le 4 septembre 1941, elle prend en charge Alexandre Frazenak, un aviateur de la RAF abattu du côté de Beussent. Elle l’héberge jusqu’au 13 janvier 1942, date à laquelle elle est dénoncée. Le 18 août 1942, Jeanne Duval est condamnée à mort. Elle bénéficie d’une commutation de peine à 20 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle y meurt le 27 mars 1945. Après la guerre, Emile Bertrand, un des responsables de Patrie, propose le nom de Jeanne Duval aux autorités municipales qui préparent une plaque en hommage aux résistants. Mais son nom n’apparaît pas sur la plaque.

Roger Fagoo est né le 23 Octobre 1898 à Boulogne-sur-Mer. Il était le Président du syndicat des bouchers de la ville. Sous le pseudonyme « Taine », il est agent des services secrets Britanniques du Réseau Champagne, rattaché au réseau Action Buckmaster. Il ravitaille les réfractaires, les parachutistes et les aviateurs en panne. Il est arrêté le 8 octobre 1943 par la Gestapo. Il est interné à Loos-lès-Lille jusqu’à la fin février 1944, puis à Compiègne. Le 6 avril 1944 il quitte Compiègne pour Mauthausen (Autriche) où il est affecté au Kommando de travail forcé de l'usine Steyr-Daimler (matricule 62381). Il meurt le 21 aout 1944 des suites de privations.

Jean Pierre Félix Roland Farjon est né à Boulogne-sur-Mer le 22 février 1910. Il est le fils de Roger Farjon, ancien maire de Boulogne-sur-Mer et sénateur du Pas-de-Calais. La famille est également à la tête de l’entreprise de plumes métalliques « Baignol et Farjon ». Roland reçoit une formation militaire mais il s’investit finalement dans l’entreprise familiale. Il est un membre actif du Parti Social Français. Mobilisé le 3 septembre 1939, Roland Farjon est fait prisonnier le 22 juin 1940 puis libéré en juin 1941. Il rejoint alors l’OCM au sein de laquelle il devient le responsable du mouvement pour la région Nord. Le 23 octobre 1943, il est arrêté à Paris par la police allemande. Or de nombreux documents attestant de son activité de résistant sont trouvés à son domicile. Dans les mois qui suivent, Roland Farjon passe dans plusieurs prisons. Dans la nuit du 9 au 10 juin 1944, il s’évade de la prison de Senlis et  rejoint un maquis en Eure-et-Loir. Cependant en mars 1945, un dossier d’accusation est ouvert à son encontre. En effet, suite à sa propre arrestation, de nombreuses autres ont suivi dans les rangs de l’OCM et il est accusé de trahison. Arrêté le 18 juillet, il demande et obtient un sursis de 24 heures. Mais le 23 juillet 1945, un corps méconnaissable est retrouvé noyé dans la Seine. Il s’agirait de celui de Roland Farjon. Pour certains, il s’est suicidé (il a lui-même reconnu des « imprudences »). Pour d’autres, il a été assassiné, à moins que le corps ne soit pas le sien. Aujourd’hui encore, de nombreux doutes subsistent.

Léon Fayolle est né le 28 juillet 1893 à Boulogne. Commissionnaire public, il vit à Wimereux. Militant communiste, il poursuit ses activités militantes dans la clandestinité sous l’Occupation, en devenant membre du Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France et résistant. Affecté au détachement 2402 « Félix Cadras », Léon Fayolle participe à l’attaque de la mairie de Saint-Léonard pour récupérer des tickets de rationnement, ainsi qu’au sabotage de la centrale de Calais puis de la voie ferrée de Wimereux. Le 11 septembre 1943, il participe à l’exécution d’ Henry Gross, collaborateur et rédacteur en chef du journal Le Télégramme du Pas-de-Calais, en montant la garde à l’extérieur. Il prend également part à l’attaque, le 18 septembre 1943, d’un entrepôt de tabac pour récupérer du tabac afin de le distribuer aux communistes clandestins et résistants. Le 8 janvier 1944, Léon Fayolle est arrêté avec son épouse à Wimereux, par la Sipo-SD, pour « meurtre, détention d’armes prohibées, et menées communistes ». Il est incarcéré à Loos-lès-Lille. Le 14 février 1944, le tribunal militaire allemand OFK 670 de Lille le condamne à mort. Il est fusillé au fort de Bondues le 25 février. Son épouse, Germaine, est déportée.

Famille Fourrier :
Louis Fourrier est né le 25 juillet 1889 à Attin (Pas-de-Calais). Il vit à Outreau, rue Victor Hugo, avec sa femme, Augustine Dausque, et leurs  enfants (Maurice, né le 18 mars 1921, Louisette et Daniel). Louis et Augustine sont des membres actifs du Parti communiste ; Maurice est responsable des Jeunesses communistes. Pendant la 2nde guerre mondiale, ils s’engagent au sein du Front National. Par exemple, le 14 juillet 1943, un groupe dirigé par Maurice Fourrier colle sur les murs du Portel et d’Outreau des papillons patriotiques, confectionnés par les femmes du Front national, sous la direction d’Augustine. Il distribue aussi 1 700 tracts qui dénoncent les camps de concentration. Ils mènent également des actions de sabotage au sein des FTP. Le 6 octobre 1943, à 6h15, la police allemande débarque à leur domicile. Une perquisition est menée mais Maurice a caché les papiers sous des tuiles dans le grenier. Augustine découpe en petits morceaux  le plan du terrain d’aviation du fort d’Alprech dessiné par Maurice  et demande à Louisette et Daniel de les avaler. Louis, Augustine et Maurice sont arrêtés et incarcérés à la prison de l’Enclos de l’évêché. Louis est condamné à 12 ans de travaux forcés. Déporté vers Bruxelles en mars 1944, incarcéré dans plusieurs prisons allemandes, il meurt le 29 janvier 14945 à Diez-An-Der-Lahn (Rheinland-Pfalz). Maurice parvient à s’échapper. Il se réfugie dans les Ardennes, où il rejoint un maquis commandé par Jacques de Bollardière. Selon son acte de décès, il est tué « accidentellement par arme à feu » à Hautes-Rivières à la fin du mois d’août 1944.

Maurice Gournay est né le 8 septembre 1885 à Outreau. Employé de chemin de fer, il est également un militant actif du syndicat cheminot de la CGT. En décembre 1919, il devient le premier maire SFIO d’Outreau. Mais en 1925, Ernest Declève est désigné tête de liste et Maurice Gournay quitte la vie politique. Pendant la guerre, il est chargé par Abel Lombard de la section OCM d’Outreau-Le Portel. Il effectue principalement des actions de renseignement. Il meurt sous les bombardements qui frappent Le Portel (rue de l’Amiral Courbet ?) les 8 et 9 septembre 1943. Il est repris en tant que FFI sur le monument aux morts du Portel. Il est déclaré Mort pour la France le 30 novembre 1945.

Edmond Hardy est né le 8 mai 1921 à Fourmies. Sergent-chef à la 25ème compagnie des FTPF, il multiplie les sabotages de voies ferrées et de lignes téléphoniques. Grièvement blessé durant un engagement avec les Allemands le 28 août 1944, il est déporté à Dachau sans être soigné. Libéré le 29 avril 1945, il décède le 21 juillet à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Gabriel Hardy, son frère, est né le 20 mai 1924 à Anor. Sous-lieutenant à la 25ème compagnie des FTPF. Arrêté puis déporté en Allemagne, il parvient à s’échapper. Il s’illustre lors des combats pour la libération mais il est tué lors d’une patrouille FFI durant le siège de Boulogne à la Porte des Dunes, le 17 septembre 1944.

Henri Henneguelle est né en 1908, à Fruges. Instituteur, il est nommé à Boulogne-sur-Mer au début des années 1930. Par ailleurs, il prend la direction de la section boulonnaise de la SFIO en 1934. Affecté en juillet 1940 à Montauban, il fait d’abord le choix de rester dans cette région car il est recherché par le gouvernement de Vichy. Puis en août 1942, il décide de regagner le Pas-de-Calais où la résistance commence à s’organiser. Il implante Libération-Nord à Boulogne-sur-Mer en rassemblant autour de lui d’anciens militants socialistes. Dès le 29 août 1942, de faux papiers au nom d’Elie Ginibrie lui permettent de circuler dans la région. En 1943, ses responsabilités augmentent : il prend la tête du « comité d’entente » mis en place par les différents groupes de résistants boulonnais, puis à partir du mois d’août, il devient chef régional sous le pseudonyme de « colonel Dupont ». Mais au mois d’octobre, il échappe à une arrestation grâce à Roger Lejosne et il finit par se réfugier à Paris. Néanmoins, il continue de diriger l’ensemble du mouvement pour la région A depuis Paris, se déplaçant parfois dans la région malgré les risques. Parallèlement il rejoint les FFI en janvier 1943. Suite au débarquement en Normandie, il participe depuis la Somme aux opérations de Libération en établissant des cartes. Puis il participe sur le terrain à la libération de Boulogne-sur-Mer. Il quitte les FFI le 6 septembre 1944. Après la libération, il occupe différentes fonctions politiques. Il meurt le 27 décembre 1983 à Saint-Léonard.

Adolphe Herry est né le 4 mars 1907 à Boulogne-sur-Mer. Il a une formation d’instituteur. Prisonnier en juin 1940, il parvient à s’évader 2 mois plus tard et à rejoindre sa famille du coté d’Audinghen. Il rejoint alors un groupe informel qui mène des actions contre l’occupant. Ainsi, Adolphe Herry réussit le sabotage des lignes télégraphiques allemandes au cap Gris-nez. Parallèlement, grâce à son poste provisoire de secrétaire de mairie, il fournit de fausses cartes d'identité à des prisonniers évadés et organise le passage de jeunes souhaitant gagner Londres. En octobre 1940, il est arrêté par une patrouille alors qu'il établit les plans des fortifications côtières de l’armée allemande. Faute de preuves, il est libéré ; il préfère néanmoins s’éloigner quelque temps. Début 1942, il obtient un poste d'instituteur à Boulogne-sur-Mer. Mais quelques mois plus tard, il fait le choix de s’engager au sein des unités de maintien de l'ordre en zone occupée : «Je n'ai nullement la vocation d'un policier. Cependant, d'après les renseignements obtenus sur les G.M.R., je pense pouvoir faire du très bon travail dans une de ces unités... et préparer ainsi la Libération ». Nommé commandant du G.M.R. "Flandre" à Lille, c’est désormais dans ce département qu’il agit, notamment au sein du réseau Sylvestre-Farmer. Il est arrêté en août 1944 et torturé. Il meurt le 25 septembre 1946 des séquelles des tortures qui lui ont été infligées.

Lucien Lagaise est né le 25 janvier 1907 à Boulogne-sur-Mer dans une famille ouvrière. Il est lui même forgeron communal. Il vit rue Saint-Vincent-de-Paul ou rue François Soulès, selon les sources. Militant communiste, il est arrêté pour « espionnage, aide à l’ennemi, coup de feu sur soldat allemand et détention illicite d’armes ». Il est condamné à mort le 22 mai 1942 par le tribunal militaire d’Arras, puis fusillé le 3 (ou le 5) juin 1942 dans les fossés de la citadelle d’Arras.

Roger Lejosne est né le 25 avril 1911. Il vit avenue de Paris à Boulogne-sur-Mer. Militant de la SFIO, il s’engage au sein de Libération-Nord. Au début de l’année 1943, la première réunion du comité de coordination des résistants boulonnais se tient chez lui. Le 1er octobre 1943, il prend volontairement la place d’Henri Henneguelle, responsable du mouvement, pour assister à une réunion importante à Lille et y représenter la résistance boulonnaise. Arrêté, il parvient à faire savoir que les plans de minage du port de Boulogne-sur-Mer sont cachés dans son jardin : ils sont récupérés par Henneguelle. Emprisonné à Loos-lès-Lille, il fait partie le 3 mai 1944 d’un convoi Nacht und Nebel pour la prison Saint- Gilles à Bruxelles. Il est ensuite envoyé dans différents camps de travaux forcés. Il meurt en mars 1945 suite à de mauvais traitements, probablement à Dora.

Alfred Lemaire est né le 14 juillet 1902 à Conteville (Pas-de-Calais). Membre du mouvement Libération-Nord, il participe aux combats de la libération en tant que FFI. Le 18 septembre 1944, lors d'une mission de reconnaissance rue du Bras d'Or, il est tué par un éclat d'obus au foie.

Abel Lombard est né le 15 octobre 1876. Il prend part aux combats de la première guerre mondiale. Il est ensuite directeur d'école, retraité en 1939. Son fils, aviateur, meurt le 24 décembre 1939. A la demande de 2 délégués du comité départemental, il fonde un groupe boulonnais pour l'OCM en septembre 1942. Il rédige un journal clandestin avec une parution mensuelle jusqu'à la libération ; son but est de réagir contre les erreurs, les mensonges, l’esprit de résignation et de pousser à la résistance ». Mais aucun des 36 fascicules, rédigés à la main et reproduits sur pâte à polycopier, n’a été retrouvés. En aout 1943, il participe à la création du comité de coordination entre les différents groupes de résistants boulonnais et il en devient le président. En octobre 1943, il donne asile à Maurice Dumortier, qui s’est évadé de la prison de Boulogne. Il est alors dénoncé comme complice de l'évasion de ce dernier : le 5 décembre 1943, la Gestapo tente de l’arrêter mais il est parvenu à s’enfuir. Il se réfugie dans la campagne d’Azincourt. Après la guerre, Abel Lombard effectue des démarches administratives pour la reconnaissance des résistants. Il reçoit la légion d'honneur le 28 février 1949. Il meurt le 7 novembre 1951 à Isques où une école porte toujours son nom.

André Maillard est né le 10 janvier 1908 à Samer. Il est soldat, membre des FFI. Il est tué lors de la libération de Boulogne-sur-Mer le 19 septembre 1944, face au numéro 58 de la rue Jules Huret où une plaque commémorative a été apposée.

Monique Mametz, de son nom de jeune fille Nortier, est née en 1922. Elle vit à Saint-Martin-Boulogne. Elle est employée dans un magasin de confection « Au Petit Louvre », Grande-Rue. Dans la nuit du 25 janvier 1942, sa mère est blessée lors d’un bombardement ; mais elle n’est évacuée que le lendemain dans la journée. Face au manque de bénévoles, Monique décide de s’engager à la Croix-Rouge : « Sitôt le travail terminé, ou même dans la journée, j'intervenais sur les lieux bombardés pour secourir les blessés. À 20 ans, j'étais confrontée à l'horreur de la guerre. […]Chaque bombardement, et il y en a eu plus de 400, était un cauchemar […]. » Son statut de secouriste lui permet alors de transmettre des messages pour la Résistance. Elle est faite « chevalier de la Légion d'honneur » en avril 2010. Elle est décédée le 6 mai 2011.

Albert Nabor est né le 13 juillet 1925 à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais). Envoyé en Allemagne en 1942, il rentre en France en février 1943. Quelque temps plus tard, il intègre un détachement de FTP calaisiens, le groupe 2402 « Félix Cadras ». Avec ce groupe, il participe à plusieurs actions dans le Boulonnais (comme l’attaque de la mairie de Isques par exemple). En décembre 1943, il est arrêté à Lille. Dans un premier temps, grâce à l’intervention d’un policier français, il reçoit une faible peine. Mais le reste de son groupe ayant été identifié, les Allemands réclament Albert Nabor. Il est finalement condamné à mort le 14 février 1944 et pendu le 3 mars au fort de Breendonk, en Belgique.

Isabelle Nacry-Delpierre est née le 4 février 1913 à Boulogne-sur-Mer, rue du Chemin vert. En 1943, elle rejoint l’OCM, son pseudonyme est « Jean ». Elle fournit des renseignements, des missions de liaisons, elle s’occupe des aviateurs alliés et des réfractaires du STO. En 1944, elle rejoint les FFI, au sein desquelles elle a le grade de lieutenant. C’est dans ce cadre qu’elle participe aux combats de la Libération. A partir du 9 septembre, a la mort de ses responsables, elle prend le commandement du groupe de Baincthun-La Capelle. Le 8 novembre 1944, elle reçoit la croix de guerre avec citation, " faisant preuve du plus grand courage, de sang froid raisonné et du plus pur patriotisme. Adorée de ses hommes, elle n’a cessé de commander ".

Blanche Paugam (ou Paugham) est née le 23 mai 1898 à Wimille, sous le nom de Lefèbvre. Elle vit au 81, rue du Chemin vert à Boulogne-sur-Mer. Dès le début de l’été 1940, elle décide, seule, de saboter les câbles permettant les communications entre les Allemands. Au fur et à mesure, elle s’en prend à des câbles de plus en plus gros. Les Allemands mettent en place différentes mesures : menace de représailles, prise d’otages, surveillance des câbles. Néanmoins, Blanche poursuit son action. Le 16 août 1940, elle est repérée par des enfants ; arrêtée, elle est d’abord conduite à la prison de l’Evêché puis à celle d’Arras. Interrogée à plusieurs reprises, elle maintient qu’elle a agi seule, par patriotisme et haine des Allemands, et qu’elle ne fait partie d’aucun réseau. Le 17 septembre 1940, elle est condamnée à mort par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 678 d’Arras. Elle devient ainsi la première femme française à avoir été condamnée à mort par l’armée allemande pour des faits de résistance. Finalement sa peine est commuée en 15 ans de travaux forcés. Elle est déportée le 31 janvier 1941 à la prison d’Aix-la-Chapelle, où elle reste jusqu’en septembre 1942. Elle devient Nacht und Nebel. Elle connaît alors différents lieux d’internement : la prison de Lauerhof de Lubeck où elle est détenue jusqu’au 9 mai 1944, puis celle de Cottbus, ensuite le camp de concentration de Ravensbrück en janvier 1945 (matricule 97 217) puis celui de Mauthausen (mars 1945). Le 17 mars 1945, elle arrive dans le camp de Bergen-Belsen où elle meurt d’épuisement au début du mois d’avril 1945.

Emile Popelier est né le 10 septembre 1910 à Boulogne-sur-Mer, où il tient un salon de coiffure au 15, rue Anglaise. Il adhère au PCF en 1934. Fait prisonnier de guerre, il revient du Stalag en 1941. En 1942, il fait partie des fondateurs de la cellule du Front national de Boulogne-sur-Mer. Il en est le responsable politique. Il est également homologué FFI. Arrêté le 6 octobre 1943, il est dans un premier temps emprisonné à Loos-lès-Lille. Puis, condamné à 12 ans de travaux forcés par le tribunal militaire allemand de l’OFK 670 pour « propagande communiste », il connaît plusieurs camps de travaux forcés en Allemagne. Il est libéré de la forteresse de Dreibergen le 3 mai 1945 par les soviétiques. Il meurt le 26 novembre 1989.

Paul Pruvôt est né le 13 mars 1898 à Neufchâtel. Combattant de la 1ère guerre mondiale, il s’engage de 1925 à 1928. Il est ensuite employé aux APO (Aciéries Paris-Outreau). Il habite rue Proud’hon à Outreau. A l’été 1940, il vient en aide à des Anglais en leur fournissant l’asile, du ravitaillement et des faux-papiers. Il appartient à l’OCM qui s’est implantée dans le département à l’été 1942. A la mort de Maurice Gournay en septembre 1943, il prend même la direction de la Section d’Outreau-Le Portel. En décembre 1943, il héberge provisoirement Abel Lombart qui est traqué par la Gestapo et lui sert d’agent de liaison. Lors des combats de la Libération, il patrouille avec les FFI. Il meurt le 6 avril 1969 à Outreau.

Jean, ou Jean-Baptiste, Rouvillois est né le 11 mai 1913 à Boulogne-sur-Mer. Il est gardien de la paix et militant communiste. Pendant la guerre, il s’engage au sein du Front national. Le 27 septembre 1943, une équipe FTP menée par Emile Allain tente une action contre le commissariat de Boulogne-sur-Mer. A cette occasion, Jean Rouvillois a fourni un mot de passe à l’équipe et a prêté son képi à Emile Allain. Mais l’attaque échoue et dans la confusion, le képi est oublié sur place. La Gestapo le retrouve et Jean Rouvillois est arrêté le 12 octobre 1943 par la Feldgendarmerie. Incarcéré à Loos-lès-Lille, il est condamné à mort et fusillé le 9 février 1944 au fort de Bondues.

Roger Thierry est né le 17 octobre 1902. Il demeure au 141, rue Jules Baudelocque à Boulogne-sur-Mer. Il est secrétaire du syndicat des grutiers du port. Il crée le « Club des tordus » puis fait partie des fondateurs du Front national dans le Boulonnais. Il est chargé de l’organisation des actions contre l’occupant. A ce titre, il prend part aux actions entreprises par les FTPF, au sein desquels il a le grade de capitaine. Sa pratique de l’allemand lui permet d’être engagé comme cuisinier chez les Allemands aux établissements Creuze, rue Nationale, ce qui lui permet d'avoir un Ausweis de jour comme de nuit. Par ailleurs, il parvient à faire acheminer à Londres le plan de localisation des mines du port de Boulogne-sur-Mer. A l’automne 1943, un des responsables régionaux du Front national, René Beauvois, est arrêté. Il est remplacé par Roger Thierry. Mais ce dernier est arrêté à son tour le 6 octobre 1943. Il est emprisonné à Loos-lès-Lille et torturé pendant 3 semaines. Il est finalement fusillé le 9 février 1944 au fort de Bondues.

Maurice Vanheeckoet est né le 14 février 1879 à Boulogne-sur-Mer. Pendant la 1ère Guerre Mondiale, il réalise une carrière d’officier ; parallèlement il suit des études de médecine. Il vit au 78, rue de la Paix à Boulogne-sur-Mer. Avec l’abbé Warot, il fonde le groupe « Patrie ». Le 20 mai 1941, le 1er numéro du journal Patrie paraît. Maurice Vanheeckhoet est arrêté le 10 mars 1944 : dans les lettres qu’il envoie ensuite à sa femme, il écrit qu’il a été trahi. D’abord condamné à mort, il fait appel du jugement. Il obtient un nouveau procès à l’issue duquel il est condamné à 5 ans de travaux forcés. Le 1er septembre 1944, il est déporté vers Sachsenhausen par le « train de Loos ». Il est ensuite transféré au camp de Bergen-Belsen (Allemagne) où il meurt du typhus en mars 1945.